Dionysos outré !

Dionysos se présenta fort renfrogné devant Zeus. Quelque chose l'avait manifestement contrarié et Zeus n'allait pas tarder à savoir quoi. "J'en appelle à toi ô dieu des dieux !" s'exclama Dionysos. "Une infamie est en train de se produire sur Terre que nous ne pouvons pas laisser faire !".
Avant l'arrivée tonitruante de Dionysos, Zeus était nonchalamment allongé dans l'atrium de son palais. Il sirotait un verre d'ambroisie en pensant à sa dernière conquête. "Qu'il avait été amusant de parcourir ciel et terre à la poursuite de Séléné... qu'elle femme que cette déesse !!!" se disait-il, esquissant un sourire.

Mais le moment n'était plus à la rêverie. Zeus se leva pour prêter attention à son interlocuteur : "Que se passe-t'il enfin ?". Dionysos éructa :"Mais c'est cette fille, cette Athénaïs... une petite dévergondée qui projette de devenir acteur dans l'une de mes Dionysies. A-t'on jamais vu une fille être acteur ? les filles sont faites pour avoir des enfants et obéir à leur mari, pas pour jouer la comédie ou la tragédie. Ceci est affaire d'homme !".
Zeus aussitôt intrigué fronça les sourcils. Quelle idée avait germé dans le cerveau de cette mortelle ? Aussitôt, il identifia la jeune fille en question. L'autel situé au centre de l'atrium permet aux dieux d'observer n'importe quel mortel. Il leur suffisait juste de le vouloir et l'image de l'être visé apparaissait au centre du dispositif divin.
Ce n'est pas une jeune fille mais un jeune éphèbe qui apparut aux yeux du divin. Dionysos renchérit : "Regarde Zeus, comment cette effrontée se cache sous un déguisement de jeune garçon pour parvenir à ses fins. Ce crime ne peut rester impuni ! c'est bien la nature des femmes que de tromper leur monde".
Zeus observa la jeune Athénaïs un long moment sans rien dire. Il ne pouvait s'empêcher d'admirer la hardiesse de la jeune fille qui ne devait certainement rien ignorer des risques qu'elle prenait en faisant cela.
Attirée par les vociférations de Dionysos, Athéna les rejoint et observa à son tour Athénaïs. "Tiens", se dit-elle, "une mortelle qui joue au mortel... quelle drôle d'idée !". Elle ne put s’empêcher de penser également que la jeune fille portait son nom et que ce n'était pas le seul point commun qui la reliait à la déesse réputée pour ses prises de position et son caractère frondeur. S'adressant à son père, elle questionna : "Que comptes-tu faire dieu des dieux ?" A cette question, Zeus répondit :"Rien pour l'instant, je veux connaître les motivations de cette jeune mortelle avant de prendre une quelconque décision". Dionysos eu un hoquet de colère :"Comment ? tu ne vas rien faire ? mais elle ose..." Levant une main en signe d'apaisement, Zeus lui coupa la parole :"Je n'ai pas dis que je ne ferai rien, je souhaite agir en toute connaissance. Aucune loi n'interdit aux femmes la pratique du théâtre que je sache. A vrai dire je trouve même l'idée amusante. Voyons ce que cette gamine à dans le ventre et nous agirons ensuite si nécessaire".
Zeus avait tranché et Dionysos ne put que s'incliner. Il repartit néanmoins encore plus contrarié quand arrivant. N'étant pas convaincu du respect de son ordre par le dieu du théâtre et de la tragédie, il chargea Athéna de surveiller discrètement la jeune mortelle et de veiller à ce que rien de fâcheux ne lui arrive...